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Documents

Écriture et graphisme

Des premières traces jusqu’à l’écriture

Du dessin à l’écriture : le passage

L’enfant qui écrit mal

Écrire, mal écrire

La graphothérapie clinique

Écriture et handicap

Écriture et handicap

À la suite des dispositions législatives récentes (loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées »), les difficultés que rencontrent certains enfants ou adolescents avec l’inscription de l’écriture ont tendance à être situées dans le registre du handicap après qu’un diagnostic les a désignées en tant que « trouble spécifique des apprentissages » (un trouble « dys »). Ceci peut permettre, à l’issue d’une procédure auprès d’une MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) la mise en place de divers aménagements dans leur scolarité, notamment la possibilité d’utiliser un ordinateur pour les travaux écrits, le recours à un(e) AVS (Assistant(e) de Vie Scolaire) qui peut le cas échéant écrire à la place de l’enfant et/ou la mise en place d’un tiers temps lors d’examens.

Il peut s’agir certes d’une intention louable pour soulager ces enfants parfois très gênés par une écriture trop lente ou difficilement lisible.

Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser (quoi de plus banal en effet pour un enfant de nos jours que d’utiliser un ordinateur par exemple), il ne s’agit jamais de mesures anodines.

L’expérience montre qu’en réalité, de nombreux enfants refusent fermement de tels aménagements. Certains les ressentent comme une privation même un risque de perte de leur écriture manuscrite, d’autres se sentent marginalisés et dévalorisés, blessés d’être considérés comme porteurs d’une défaillance voire d’une incapacité.

Ces réactions soulignent bien qu’on touche là un domaine qui dépasse un simple cadre pratique, matériel et que l’écriture ne peut jamais être assimilée à un outil, un instrument qu’on pourrait simplement remplacer. On voit là que, de par son appartenance au registre symbolique, elle engage chacun en tant que sujet dans des enjeux relationnels, identitaires et affectifs majeurs.

Comme on le souligne dans les documents de ce site, une difficulté avec l’inscription de l’écriture ne peut jamais être réduite à un dysfonctionnement de la motricité des doigts ou de l’organisation de l’espace, elle témoigne toujours chez l’enfant d’une fragilité existentielle qui nécessite d’être prise en compte à un moment ou un autre, en tant que telle, dans une approche psychothérapeutique spécifique.

Bien souvent, en réponse au souci d’efficacité et d’adaptation qui prévaut dans notre société actuelle, la priorité est donnée à des dispositifs d’ordre fonctionnel au détriment du soin. Le mal être de l’enfant, sa souffrance risquent alors d’être négligés quand ils ne sont pas tout bonnement méconnus ou occultés.

Et si toutefois un soin est envisagé, il s’avère souvent compliqué par la mise en place de ces mesures palliatives; en effet, l’enfant se trouve alors mis dans la position paradoxale de devoir investir un processus thérapeutique parfois long, toujours complexe alors que nombre de ces aménagements scolaires le maintiennent dans une situation de dépendance et de passivité qui vient entraver ou nier par avance l’évolution qu’une approche thérapeutique pourrait lui permettre.

Qui plus est, le diagnostic qui officialise la difficulté avec l’écriture, qui l’authentifie, est souvent vécu comme une atteinte irrémédiable, il peut même parfois prendre la valeur d’une marque identitaire en venant inscrire l’enfant dans un statut déficitaire dont il lui est toujours délicat de se dégager par la suite.

Compte-tenu de la complexité de cette problématique, il est donc essentiel que les enfants et les parents ne soient pas engagés dans de telles démarches sans que leur soit donnée la possibilité d’en mesurer pleinement le sens et les conséquences.

Michèle Schnaidt


AEGC, Association pour l’Enseignement de la Graphothérapie Clinique

Centre hospitalier Sainte-Anne, Service de psychologie et de psychiatrie de l’enfant et l’adolescent
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